Page:Sand - La Mare au Diable.djvu/31

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Claudie, la Marguerite… enfin, celle que vous voudrez.

— Doucement, doucement, mon garçon, toutes ces filles-là sont trop jeunes ou trop pauvres… ou trop jolies filles ; car, enfin, il faut penser à cela aussi, mon fils. Une jolie femme n’est pas toujours aussi rangée qu’une autre.

— Vous voulez donc que j’en prenne une laide ? dit Germain un peu inquiet.

— Non, point laide, car cette femme te donnera d’autres enfants, et il n’y a rien de si triste que d’avoir des enfants laids, chétifs, et malsains. Mais une femme encore fraîche, d’une bonne santé et qui ne soit ni belle ni laide, ferait très bien ton affaire.

— Je vois bien, dit Germain en souriant un peu tristement, que, pour l’avoir telle que vous la voulez, il faudra la faire faire exprès : d’autant plus que vous ne la voulez point pauvre, et que les riches ne sont pas faciles à obtenir surtout pour un veuf.

— Et si elle était veuve elle-même, Germain ? là, une veuve sans enfants et avec un bon bien !

— Je n’en connais pas pour le moment dans notre paroisse.

— Ni moi non plus, mais il y en a ailleurs.

— Vous avez quelqu’un en vue, mon père ; alors, dites-le tout de suite.