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ma fille, parce que tu es un honnête homme et que tu lui sauras gré de nous rendre service et d’aimer tes enfants.

— C’est bien, père Maurice, dit Germain, je ferai votre volonté comme je l’ai toujours faite.

— C’est une justice à te rendre, mon fils, que tu as toujours écouté l’amitié et les bonnes raisons de ton chef de famille. Avisons donc ensemble au choix de ta nouvelle femme. D’abord je ne suis pas d’avis que tu prennes une jeunesse. Ce n’est pas ce qu’il te faut. La jeunesse est légère ; et comme c’est un fardeau d’élever trois enfants, surtout quand ils sont d’un autre lit, il faut une bonne âme bien sage, bien douce et très portée au travail. Si ta femme n’a pas environ le même âge que toi, elle n’aura pas assez de raison pour accepter un pareil devoir. Elle te trouvera trop vieux et tes enfants trop jeunes. Elle se plaindra et tes enfants pâtiront.

— Voilà justement ce qui m’inquiète, dit Germain. Si ces pauvres petits venaient à être maltraités, haïs, battus ?

— À Dieu ne plaise ! reprit le vieillard. Mais les méchantes femmes sont plus rares dans notre pays que les bonnes, et il faudrait être fou pour ne pas mettre la main sur celle qui convient.

— C’est vrai, mon père : il y a de bonnes filles dans notre village. Il y a la Louise, la Sylvaine, la