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pas qui l’on trouve. J’avais une brave femme, une belle femme, douce, courageuse, bonne à ses père et mère, bonne à son mari, bonne à ses enfants, bonne au travail, aux champs comme à la maison, adroite à l’ouvrage, bonne à tout enfin ; et quand vous me l’avez donnée, quand je l’ai prise, nous n’avions pas mis dans nos conditions que je viendrais à l’oublier si j’avais le malheur de la perdre.

— Ce que tu dis là est d’un bon cœur, Germain, reprit le père Maurice ; je sais que tu as aimé ma fille, que tu l’as rendue heureuse, et que si tu avais pu contenter la mort en passant à sa place, Catherine serait en vie à l’heure qu’il est, et toi dans le cimetière. Elle méritait bien d’être aimée de toi à ce point-là, et si tu ne t’en consoles pas, nous ne nous en consolons pas non plus. Mais je ne te parle pas de l’oublier. Le bon Dieu a voulu qu’elle nous quittât et nous ne passerons pas un jour sans lui faire savoir par nos prières, nos pensées, nos paroles et nos actions, que nous respectons son souvenir et que nous sommes fâchés de son départ. Mais si elle pouvait te parler de l’autre monde et te donner à connaître sa volonté, elle te commanderait de chercher une mère pour ses petits orphelins. Il s’agit donc de rencontrer une femme qui soit digne de la remplacer. Ce ne sera pas bien aisé ; mais ce n’est pas impossible ; et quand nous te l’aurons trouvée, tu l’aimeras comme tu aimais