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parfaitement combiné avec la nature du terrain gras et des chemins ondulés de la contrée. Des coups de pistolet, tirés par les jeunes gens et les enfants, annoncèrent le commencement de la noce. On se réunit peu à peu, et l’on dansa sur la pelouse devant la maison pour se mettre en train. Quand la nuit fut venue, on commença d’étranges préparatifs, on se sépara en deux bandes, et quand la nuit fut close, on procéda à la cérémonie des livrées.

Ceci se passait au logis de la fiancée, la chaumière à la Guillette. La Guillette prit avec elle sa fille, une douzaine de jeunes et jolies pastoures, amies et parentes de sa fille, deux ou trois respectables matrones, voisines fortes en bec, promptes à la réplique et gardiennes rigides des anciens us. Puis elle choisit une douzaine de vigoureux champions, ses parents et amis ; enfin le vieux chanvreur de la paroisse, homme disert et beau parleur s’il en fut.

Le rôle que joue en Bretagne le bazvalan, le tailleur du village, c’est le broyeur de chanvre ou le cardeur de laine (deux professions souvent réunies en une seule), qui le remplit dans nos campagnes. Il est de toutes les solennités tristes ou gaies, parce qu’il est essentiellement érudit et beau diseur, et, dans ces occasions, il a toujours le soin de porter la parole pour accomplir dignement certaines formalités usitées de temps immémorial. Les professions errantes,