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Germain fit comme les enfants qui se décident quand ils voient qu’on ne s’occupera plus d’eux. Il suivit sa belle-mère et lui nomma enfin en tremblant la petite Marie à la Guillette.

Grande fut la surprise de la mère Maurice : c’était la dernière à laquelle elle eût songé. Mais elle eut la délicatesse de ne point se récrier et de faire mentalement ses commentaires. Puis, voyant que son silence accablait Germain, elle lui tendit sa corbeille en lui disant : — Alors, est-ce une raison pour ne point m’aider dans mon travail ? Portez donc cette charge et venez parler avec moi. Avez-vous bien réfléchi, Germain ? êtes-vous bien décidé ?

— Hélas ! ma chère mère, ce n’est pas comme cela qu’il faut parler : je serais décidé si je pouvais réussir ; mais comme je ne serais pas écouté, je ne suis décidé qu’à m’en guérir si je peux.

— Et si vous ne pouvez pas ?

— Toute chose a son terme, mère Maurice : quand le cheval est trop chargé, il tombe ; et quand le bœuf n’a rien à manger, il meurt.

— C’est donc à dire que vous mourrez si vous ne réussissez point ? à Dieu ne plaise, Germain ! Je n’aime pas qu’un homme comme vous dise ces choses-là parce que quand il les dit il les pense. Vous êtes d’un grand courage et la faiblesse est dangereuse chez les gens forts. Allons, prenez de l’espérance. Je ne conçois