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fais mon possible pour n’y plus penser ; mais que je travaille ou que je me repose, que je sois à la messe ou dans mon lit, avec mes enfants ou avec vous, j’y pense toujours, je ne peux penser à autre chose.

— Alors c’est comme un sort qu’on vous a jeté, Germain ? Il n’y a à ça qu’un remède, c’est que cette fille change d’idée et vous écoute. Il faudra donc que je m’en mêle et que je voie si c’est possible. Vous allez me dire où elle est et comment on l’appelle.

— Hélas ! ma chère mère, je n’ose pas, dit Germain, parce que vous allez vous moquer de moi.

— Je ne me moquerai pas de vous, Germain, parce que vous êtes dans la peine et que je ne veux pas vous y mettre davantage. Serait-ce point la Fanchette ?

— Non, ma mère, ça ne l’est point.

— Ou la Rosette ?

— Non.

— Dites donc, car je n’en finirai pas, s’il faut que je nomme toutes les filles du pays.

Germain baissa la tête et ne put se décider à répondre.

— Allons ! dit la mère Maurice, je vous laisse tranquille pour aujourd’hui, Germain ; peut-être que demain vous serez plus confiant avec moi ou bien que votre belle-sœur sera plus adroite à vous questionner.

Et elle ramassa sa corbeille pour aller étendre son linge sur les buissons.