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grand service, et que je vous en remercierai toute ma vie.

— C’est là tout ?

— Mon petit père, dit l’enfant, je n’ai pas pensé à dire à la petite Marie ce que je t’avais promis. Je n’ai pas eu le temps, mais je le lui dirai à la maison, et je le dirai aussi à ma grand-mère.

Cette promesse de son enfant donna enfin à réfléchir à Germain. Il s’agissait maintenant de s’expliquer avec ses parents, et, en leur disant ses griefs contre la veuve Guérin, de ne pas leur dire quelles autres idées l’avaient disposé à tant de clairvoyance et de sévérité.

Quand on est heureux et fier, le courage de faire accepter son bonheur aux autres paraît facile ; mais être rebuté d’un côté, blâmé de l’autre, ne fait pas une situation fort agréable.

Heureusement, le petit Pierre dormait quand ils arrivèrent à la métairie, et Germain le déposa, sans l’éveiller, sur son lit. Puis il entra sur toutes les explications qu’il put donner. Le père Maurice, assis sur son escabeau à trois pieds, à l’entrée de la maison, l’écouta gravement, et, quoiqu’il fût mécontent du résultat de ce voyage, lorsque Germain, en racontant le système de coquetterie de la veuve, demanda à son beau-père s’il avait le temps d’aller les cinquante-deux dimanches de l’année faire sa cour pour risquer