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avons passé derrière les granges, nous avons passé un petit pré et nous avons été à Fourche pour te chercher. Mais tu n’y étais pas et on n’a pas voulu nous laisser t’attendre. Et alors cet homme-là, qui était monté sur son cheval noir, est venu derrière nous, et nous nous sommes sauvés plus loin, et puis nous avons été nous cacher dans le bois. Et puis il y est venu aussi, et quand nous l’entendions venir, nous nous cachions. Et puis, quand il avait passé, nous recommencions à courir pour nous en aller chez nous ; et puis enfin, tu es venu et tu nous as trouvés ; et voilà comme tout ça est arrivé. N’est-ce pas, Marie, que je n’ai rien oublié ?

— Non, mon Pierre et ça est la vérité. À présent, Germain, vous rendrez témoignage pour moi, et vous direz à tout le monde de chez nous que si je n’ai pas pu rester là-bas, ce n’est pas faute de courage et d’envie de travailler.

— Et toi, Marie, dit Germain, je te prierai de te demander à toi-même si, quand il s’agit de défendre une femme et de punir un insolent, un homme de vingt-huit ans n’est pas trop vieux ? Je voudrais un peu savoir si Bastien, ou tout autre joli garçon, riche de dix ans de moins que moi, n’aurait pas été écrasé par cet homme-là, comme dit Petit-Pierre : qu’en penses-tu ?

— Je pense, Germain, que vous m’avez rendu un