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vice, pour leur faire voir qu’elle les adopte et qu’elle leur sera comme une mère.

— Et puis alors, reprit Petit-Pierre, qui était fier d’avoir à raconter une aventure, cet homme-là t’a dit quelque chose de vilain, quelque chose que tu m’as dit de ne jamais répéter et de ne pas m’en souvenir : aussi je l’ai oublié bien vite. Cependant, si mon père veut que je lui dise ce que c’était…

— Non, mon Pierre, je ne veux pas l’entendre, et je veux que tu ne t’en souviennes jamais.

— En ce cas, je vas l’oublier encore, reprit l’enfant. Et puis alors, cet homme-là a eu l’air de se fâcher parce que Marie lui disait qu’elle s’en irait. Il lui a dit qu’il lui donnerait tout ce qu’elle voudrait, cent francs ! Et ma Marie s’est fâchée aussi. Alors il est venu contre elle, comme s’il voulait lui faire du mal. J’ai eu peur et je me suis jeté contre Marie en criant. Alors cet homme-là a dit comme ça : « Qu’est-ce que c’est que ça ? d’où sort cet enfant-là ? Mettez-moi ça dehors. » Et il a levé son bâton pour me battre. Mais ma Marie l’a empêché, et elle lui a dit comme ça : « Nous causerons plus tard, monsieur ; à présent il faut que je conduise cet enfant-là à Fourche, et puis je reviendrai. » Et aussitôt qu’il a été sorti de la bergerie, ma Marie m’a dit comme ça : « Sauvons-nous, mon Pierre, allons-nous-en d’ici bien vite, car cet homme-là est méchant, et il ne nous ferait que du mal. » Alors nous