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— Écoutez un peu ici, reprit le fermier, j’ai quelque chose à vous dire moi !… Allons !… n’ayez pas peur… deux mots seulement…

— Vous pouvez les dire tout haut… je n’ai pas de secrets avec vous.

— Venez prendre votre argent, au moins.

— Mon argent ? Vous ne me devez rien, Dieu merci !

— Je m’en doutais bien, dit Germain à demi-voix ; mais c’est égal, Marie… écoute ce qu’il a à te dire… car, moi, je suis curieux de le savoir. Tu me le diras après ; j’ai mes raisons pour ça. Va auprès de son cheval… je ne te perds pas de vue.

Marie fit trois pas vers le fermier qui lui dit, en se penchant sur le pommeau de sa selle et en baissant la voix :

— Petite, voilà un beau louis d’or pour toi ! tu ne diras rien, entends-tu ? Je dirai que je t’ai trouvée trop faible pour l’ouvrage de ma ferme… Et qu’il ne soit plus question de ça… Je repasserai par chez vous un de ces jours ; et si tu n’as rien dit, je te donnerai encore quelque chose… Et puis, si tu es plus raisonnable, tu n’as qu’à parler : je te ramènerai chez moi, ou bien, j’irai causer avec toi à la brune dans les prés. Quel cadeau veux-tu que je te porte ?

— Voilà, monsieur, le cadeau que je vous fais, moi ! répondit à haute voix la petite Marie, en lui jetant son louis d’or au visage et même assez rudement. Je vous