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LA FAMILLE DE GERMANDRE.

généreux cœur de son pauvre cousin, et, profondément attendrie, elle se rapprocha de lui pour tâcher de lui parler.

Mais le chevalier avait disparu comme par enchantement. Suivi de sa famille, il s’était enfui dans les jardins, et, tout épouvanté de la hardiesse de son attitude, assis à l’ombre des tilleuls, il était près de se trouver mal.

À la fatigue de l’émotion s’en joignait une autre dont le chevalier ne songeait pas à se rendre compte. Il mourait de faim. Levé avant le jour, il avait fait dix lieues, conduisant à grand renfort de guides et de fouet un vieux cheval mal assuré sur ses jambes, et il n’avait encore rien mangé, ne pouvant se résoudre à entrer dans la salle où un copieux ambigu était en permanence pour tous les hôtes de la maison. Il avait compté se glisser dans un cabaret du hameau ; mais ils étaient tous envahis par les curieux des environs, et le chevalier craignait que sa présence en un lieu pareil ne fournît matière à des plaisanteries sur sa pauvreté. Sa compagne avait bien apporté une galette pétrie de ses mains et pro-