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désirée. Mais tout cela n’était pas l’amour que rêvait Hortense. Octave, à force de juger et de dénigrer toutes gens et toutes choses, était devenu incapable d’enthousiasme ; et l’habitude de railler même ce qu’il aimait le mieux était si forte en lui, qu’il ne pouvait s’en défendre avec personne. Il eut des mots chagrins sur la frivolité des femmes en général, sur la puérilité de leurs goûts, sur leur dissimulation naturelle ; il en eut de trop spirituels sur les dangers du mariage et sur le ridicule des maris trop dociles. On eût dit qu’il avait hérité de quelque ancêtre la haine ou la crainte du lien conjugal. Tout ceci blessa Hortense sans qu’il s’en aperçût ; et, comme elle riait de ses sarcasmes, il crut lui plaire par sa triste gaieté, et il fit fausse route.

Au moment où nous l’avons vu achever sa toilette, Hortense arrivait en chaise de poste avec sa mère, et, comme l’abbé ne se fit pas attendre, les héritiers légitimes et directs se trouvèrent réunis à neuf heures du matin dans le château.

L’abbé était un bel homme joufflu, gras, luisant, poudré, superbe à voir. Privé de son bénéfice et