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naissait la délicatesse des goûts et des impressions de sa fille. Hortense, au bout de quelques entrevues, commença à trouver son cousin un peu frondeur et irritable. Elle s’en effraya, et le vit avec une émotion décroissante. Quand, au bout de quelques semaines, il rejoignit son régiment en garnison à Blois, elle éprouvait encore pour lui une généreuse sollicitude ; mais elle n’avait aucun désir d’associer son existence à la sienne, et, quand sa mère lui demanda où elle en était :

— Je devrais et je voudrais l’aimer, répondit-elle ; mais j’ai beau exhorter ma conscience de sœur et d’amie, je ne me réconcilie pas encore avec ses défauts.

Octave, malgré tout son esprit, n’avait pas bien compris la situation. Il avait pénétré assez habilement, dans le principe, l’effet produit par sa figure et les malheurs de sa jeunesse sur la sensible Hortense. Il s’était un peu enflammé à l’idée d’un mariage si sortable et si avantageux. Il avait conçu pour sa cousine beaucoup de sympathie et de reconnaissance, et elle était assez belle pour être vivement