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Elle était dans ces idées lorsque, six mois avant la mort du marquis, son cousin Octave vint en congé à Paris, où elle-même était installée. Elle était un peu en réaction contre les idées arriérées de son défunt mari ; mais elle aimait les Français de son temps, c’est-à-dire la gloire, le poëme des exploits guerriers ; elle partageait l’enivrement de la France. Octave lui sembla très-intéressant, pauvre et fier sous son uniforme, avec une jolie petite cicatrice au front et un bras en écharpe. Il n’y avait point là de perfide camarade pour lui dire que, si une des blessures avait été reçue en Espagne au champ d’honneur, l’autre était la conséquence d’une mauvaise plaisanterie. Elle pensa tout de suite qu’une belle action à faire serait de donner sa main, son cœur et ses vingt mille livres de rente à ce proche parent malheureux et digne, spirituel et beau. Elle en parla à sa mère, qui était sa meilleure amie.

— L’aimez-vous ? répondit l’aimable Polonaise, qui, tout en parlant du véritable amour avec beaucoup de charme, avait toujours été fort positive au fond de l’âme.