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rendue fort heureuse. Veuve à dix-huit ans, elle avait décidé sa mère à venir habiter cette patrie inconnue dont elle avait toujours rêvé. Elle avait vingt ans en 1808, et c’était une des plus jolies femmes de l’époque. Son mari lui avait légué quelque chose comme vingt mille livres de rente, dont elle avait placé le capital sur la Banque de France. Ce n’était pas de quoi mener un grand train dans un temps de luxe ; mais c’était de quoi vivre selon ses goûts, avec une modeste élégance.

Gracieuse et spirituelle, très-douce et très-sensible, Hortense n’était pas coquette. Elle se savait charmante et ingénument se sentait très-heureuse d’être admirée. Mais son rêve était d’être aimée fidèlement et de faire un mariage d’inclination. Elle était prête à sacrifier au bonheur vrai tous les succès et tous les plaisirs du monde. Elle était enthousiaste des romans de madame de Staël, et, sans viser à être une femme supérieure comme Corinne ou Delphine, elle portait dans son âme tous les sentiments généreux que l’écrivain de génie avait pris en elle-même pour en parer ses héroïnes.