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mais elle réagit puissamment contre elle-même en ne voulant s’occuper que de son frère.

Le chevalier, bien que sans espoir aucun de revoir Hortense, se sentait allégé d’une secrète amertume. Hortense n’avait jamais aimé Octave, Octave ne songeait plus à se faire aimer d’elle.

— Elle passera peut-être encore un an ou deux sans aimer personne, se disait l’homme de campagne, et, pendant ce temps-là, je guérirai, j’oublierai peut-être.

Corisande, fatiguée tous les soirs du travail incessant de la journée, avait coutume de s’endormir comme les enfants, c’est-à-dire aussitôt que sa tête avait touché l’oreiller. Ce soir-là, elle ne s’endormit pas si vite, et entendit son frère qui causait à voix basse dans son lit avec Lucien. Cela dura si longtemps, qu’elle s’en étonna. Elle se réveilla vers minuit, et vit le chevalier assis devant son bureau et feuilletant avec ardeur ses vieux livres.

— N’êtes-vous point malade, que vous ne dormez pas ? lui dit-elle.

— Et toi-même, répondit le chevalier, pourquoi