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LA FAMILLE DE GERMANDRE.

— Tu regrettes de ne pas avoir reçu ses adieux ? dit le chevalier en attachant sur elle un regard pénétrant dont il sut voiler l’inquiétude.

Corisande pourtant ne s’y trompa point. Quoiqu’elle fût de ces âmes rares qui semblent destinées à planer au-dessus des orages de la vie, elle avait de la finesse autant qu’une autre femme. Elle avait, après une secrète hésitation intérieure, résultat de sa modestie, compris les dernières paroles d’Octave. Sa visite, son emportement, ses larmes, lui étaient dès lors expliqués assez clairement. Elle ne savait encore si elle devait s’offenser d’une amitié si vive. Le chevalier, en lui faisant l’éloge d’Octave, rassurait sa fierté et donnait à sa dignité alarmée une réelle satisfaction. En le voyant l’examiner à la dérobée avec une certaine anxiété, elle devina qu’Octave avait ouvert son âme sans réserve, et, voulant savoir comment il s’était exprimé, elle demanda à son frère pourquoi il la regardait ainsi.

— Je ne te regardais pas du tout, répondit le chevalier ; je pensais à autre chose.

— Point ! reprit Corisande. Ce n’est pas vous qui