Page:Sand - La Famille de Germandre.djvu/262

Cette page n’a pas encore été corrigée

un peu triste… mais il a ses beautés. Si vous voyiez cela au cœur de l’hiver, quand la pleine lune brille sur les glaçons qui pendent de toutes les branches, et qu’il faut se frayer un chemin dans ces girandoles !… et, au printemps, toutes ces petites familles d’oiseaux aquatiques qui sortent des buissons avec leur duvet de la veille !… Dans les grands orages, ça devient plus sérieux ; il s’établit des courants qui mèneraient ma pirogue un peu trop vite si je ne les connaissais pas ; mais, dans un jour calme comme celui-ci, quand les lacs peuvent être réglés à un niveau toujours frais par les petites cascades de l’écluse, on n’est pas fâché de trouver à sa porte une solitude si profonde.

— Vous avez l’esprit poétique, mon cousin, reprit Octave, et je me sens gagné par votre sentiment de la nature. Tenez, n’allons pas plus loin ; n’atteignons pas les limites de votre empire. J’aime mieux me persuader que ces grottes de feuillage conduisent vers la demeure inaccessible de quelque nymphe jalouse de se dérober à nos regards.

— Eh ! eh ! dit en souriant le chevalier, vous avez là