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stupides, faisant peur à tous ceux qui s’exposaient pour me sauver, privé d’instruction, bon à rien, forcé de servir une cause qui n’était pas la mienne, de me battre pour des questions d’opinion avec des compagnons d’armes, et même, une fois, de tuer un garçon que j’aimais… et dont la figure m’apparaît souvent dans mon sommeil quand j’ai bu du punch pour m’égayer ! — Et on s’étonne que j’aie des idées sombres et l’esprit navré ! Pauvre Berthelot ! quel coup de sabre sur la tête ! Il me semble que ses yeux me regardent encore à travers des flots de sang. Oui ! certes, je les vois toujours ! je les vois au fond de cette eau noire ! Qu’est-ce que c’est ? quelle est la voix qui m’appelle d’en bas ?…

Je ne sais trop où ce tragique monologue mental aurait conduit le pauvre Octave, si, au lieu d’une voix fantastique, celle qui l’appelait n’eût été humaine et secourable. Il plongea un œil égaré vers une petite digue d’arbres noyés et de terres amoncelées par les dernières inondations, et il en vit sortir, sur un batelet, le chevalier de Germandre.

À peine rentré, le chevalier avait appris de sa