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contré là un entonnoir assez vaste, y avait installé aussi sa nappe transparente, et, à la suite des pluies d’orage, les deux réservoirs n’en faisaient qu’un. Les arbres se pressaient de plus en plus, les uns droits, élancés, cherchant l’air et la lumière et l’accaparant déjà aux dépens des anciennes souches qu’ils avaient dépassées. Ces vieillards bossus et décrépits tombaient étouffés sous le lierre qui les envahissait et hâtait leur ruine ; quelques-uns, déjà moitié morts et penchés d’une façon menaçante, nourrissaient, sur leur tige moisie, de hautes fougères et des iris que les débordements avaient apportés jusque sur leur tête. Les saules, pour échapper à l’ombre cruelle, se couchaient sur les rives jusqu’à en perdre l’équilibre, et quelques-uns, emportés par le poids de leur tête, avaient fléchi jusqu’à se submerger. Des couleuvres rampaient dans les broussailles avec un bruit sinistre. Au milieu de ce jour d’été, l’ombre était pénétrée d’un froid étrange.

Octave avait ce froid douloureux dans l’âme encore plus que sur les épaules ; il avançait toujours, cherchant instinctivement à sortir de ce bocage