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pas seulement sur ce qu’on appelle un souvenir, mais sur une bonne petite pension qui lui permettrait de satisfaire sa passion pour la nonchalance et la lecture des romans. Il rêvait déjà une maisonnette tranquille avec un serviteur à ses ordres et un arrangement avec les libraires des environs pour avoir tous les ouvrages nouveaux. M. Labrêche rêvait bien aussi d’une compagne selon son cœur ; mais, habitué à lire des aventures de héros et de princesses, il ne pouvait descendre à des personnes de sa condition ; car, avant tout, il voulait être compris.

On pense bien que, le grand jour arrivé, M. Labrêche se leva plus tôt que de coutume. Il procéda à une toilette de deuil d’une élégance recherchée, se couvrit de parfums, noua un immense crêpe à son bras et prit des airs de maître avec les autres valets, enviant, ce jour-là, les fonctions de M. Guillot, le majordome, qui portait l’épée et devait recevoir les arrivants ; s’efforçant d’empiéter sur ses fonctions et se promettant de haranguer quelque peu lorsque celui-ci resterait court, comme cela lui arrivai souvent, dans les compliments de longue haleine.