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LA FAMILLE DE GERMANDRE.

et qu’il ne rentrerait peut-être qu’un peu tard. Il se sentait plus à l’aise pour débiter son petit mensonge aux enfants et à Corisande.

— Me voici, pensa-t-il, en pleine bergerie ; je ne sais pas pourquoi je n’y rêverais pas une églogue fort innocente pendant deux heures. Ce sera comme un calmant sur mon dépit à propos d’Hortense et sur ma déception à propos de l’héritage.

Octave était, on le voit, fort éloigné d’encourager en lui-même une mauvaise pensée. À l’égard de toute autre pastourelle jolie, comme disaient les opéras-comiques de ce temps-là, il eût été probablement moins scrupuleux ; mais, tout soldat de l’Empire qu’il était, il avait conservé trop d’idées aristocratiques pour ne pas respecter une femme de son sang. Une proche parente qui portait son nom était presque une sœur à ses yeux. La veille, en la trouvant travestie en paysanne, il avait un peu oublié le degré de parenté ; mais, en regardant le portrait de son aïeule, autre fille des champs métamorphosée en grande dame, il avait retrouvé la notion des liens sérieux et respectables de la famille, et, s’il était un