Page:Sand - La Famille de Germandre.djvu/218

Cette page n’a pas encore été corrigée

l’homme !… de quel droit ?… — Mais l’homme veut vivre, et il semble que la vie soit une proie disputée avec fureur par tout ce qui respire. Oui, ce monde est une grande bataille et une effroyable tuerie. Étonnez-vous donc que les sociétés ne sachent pas s’organiser quand elles n’ont pas encore trouvé le moyen de vivre en paix avec le sol qui les porte !

Octave de Germandre ne faisait pas toutes ces réflexions inutiles. Sabreur insouciant, il foulait aux pieds cette plantureuse verdure et ne lui trouvait pour le moment d’autre utilité que celle d’essuyer ses bottes blanchies par la poussière. Il vit bien qu’il s’était trompé de chemin, et il n’en fut pas mécontent ; car il ne devait pas s’être beaucoup éloigné de la tour, et il eût mieux aimé rencontrer Corisande gardant ses vaches en quelque prairie ombragée, que d’aller tout droit se présenter à son frère.

Il avait bien trouvé en route un prétexte pour cette visite invraisemblable ; mais, à mesure qu’il s’était rapproché du but et décidé à l’atteindre, il avait envisagé avec répugnance l’idée d’un mensonge et l’attitude d’un séducteur.