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avec les grands ombrages, les eaux pures, les grands réservoirs lentement remplis, la moite fraîcheur de l’atmosphère immobile, les plantes rares d’une localité, trouvaille et ivresse des botanistes. J’ai cueilli là la balsamine impatiente, qu’il faudrait faire bien du chemin pour trouver plus loin, la circé parisienne qui se refuse souvent aux recherches, et, sur les pentes de la colline, d’autres plantes que la charrue chasse chaque jour de ses défrichements et tend à faire disparaître : le genêt sagitté, le buplèvre à feuilles en faux et les hélianthèmes à corolle dorée. Sur le ruisseau, j’ai vu les gigantesques eupatoires dont les beaux parasols lilas étaient rehaussés par les insectes d’azur et d’argent qui pleuvent du feuillage des saules. Le long des tiges de la saponaria aux fleurs couleur de chair grimpaient les spirées charmantes, et les larges liserons blancs s’enroulaient sur les épis pourprés de la salicaire. Dans les flaques sans écoulement sommeillaient des espèces aux mœurs indolentes et quelques individus de cette famille si poétiquement nommée hydrocharis (beauté des eaux). Quelle vigueur de croissance, quelle fureur