Page:Sand - La Famille de Germandre.djvu/214

Cette page n’a pas encore été corrigée

hasards du terrain et les besoins de la culture ont créé sans en avoir conscience. De longues prairies en pente douce encadrent la rivière, qui semble vouloir se cacher sous des rideaux d’arbres et de buissons, mais qui, par moments, découvre, comme malgré elle, son miroir immobile retenu par une écluse et ses trois ou quatre déversoirs inclinés où l’eau se presse, bouillonne et se donne des airs de torrent. C’est après les pluies de mai ou après les orages de l’été que ces petits bras de l’Indre, échappés d’un vaste réservoir mystérieusement ombragé qui retient longtemps les eaux endormies, coulent tout d’un coup à pleins bords et remplissent d’un bruit argentin la silencieuse oasis.

Octave s’étonna de cet aspect imprévu que prenait le pays au sortir d’une lande aride. Le ruisseau qui bruissait gaiement sur la petite chaussée verdoyante, s’échappant en nappes légères des berges çà et là ébréchées, les îlots étroits et allongés qui séparaient les bras de la rivière, une quantité d’aunes, de trembles et d’ormeaux, des plantes sauvages qui baignaient avec volupté leurs racines délicates