Page:Sand - La Famille de Germandre.djvu/207

Cette page n’a pas encore été corrigée
197
LA FAMILLE DE GERMANDRE.

Hortense n’y put tenir. Elle se pencha à la portière et lui cria à son tour :

— Non ! pas adieu ! À demain ! venez demain ! je le veux !

Elle eût eu mille bonnes raisons, en causant avec lui, pour l’engager à tenter l’épreuve du lendemain, et cette sollicitude ne l’eût pas trahie. Elle s’en était abstenue par excès de prudence, et, maintenant, son secret lui échappait sous forme de supplication impérative.

— Ah ! je suis folle ! s’écria-t-elle en couvrant de son mouchoir sa figure baignée de larmes ; je ne sais plus ce que je fais !

Le chevalier ne pouvait plus la voir. Il suivait d’un œil morne la voiture, qui s’éloignait avec une rapidité effroyable. Il avait le vertige, il se répétait machinalement les dernières paroles d’Hortense, il ne les comprenait pas. Tout à coup une lueur de raison éclaira sa folie. Il ne se dit pas : « Elle m’aime ; » il n’eût jamais osé se le dire ; mais il murmura :

— Pas adieu, non ! pas adieu !