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sans véritable persévérance, on peut dire qu’il avait l’amour de l’inutile et l’invincible besoin de chercher et de découvrir quelque chose à quoi personne n’eût jamais songé, quelque chose qui n’eût de valeur à ses yeux que parce que la saine raison ne pouvait lui en attribuer aucune. Dans les derniers jours de sa vie et jusqu’à sa dernière heure, ne pouvant plus s’occuper dans son laboratoire, il prenait plaisir à proposer de puériles énigmes à ses médecins et à ses valets. Il n’était plus, le vieux sphinx, mais il avait emporté avec lui la plus terrible de ses énigmes, celle de sa succession ; et c’est pour en avoir enfin le mot que tous ses héritiers, jeunes et vieux, petits et grands, se trouvaient réunis, le 1er juillet, au manoir de Germandre.

Mais n’oublions pas de dire comment la Révolution avait passé sur le manoir et sur le châtelain sans ébranler ni l’un ni l’autre. Longtemps avant l’explosion, le marquis s’était montré peu soucieux des préjugés de sa caste ; il avait su tendre le dos à la tempête sans paraître la redouter. Fin et railleur, il avait fait à propos d’habiles sacrifices d’argent aux