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— Dites-la-moi, oui, racontez-moi votre histoire, s’écria Hortense.

— Non, ce serait trop long !

— Un homme comme vous sait résumer.

— Eh bien !… alors, un mot résumera tout. J’ai aimé !

Hortense rougit sans savoir pourquoi, tant l’homme de campagne avait mis de tendresse et de passion dans ce mot si simple. Elle sentit en lui une force de dévouement et une ardeur peu communes, et elle se demanda si la véritable supériorité de cet homme n’était pas là tout entière.

— J’ai aimé celle qui fut ma femme, reprit-il. Je l’aimai dès l’enfance. Je lui promis d’être son mari avant de comprendre ce que c’était que l’amour et le mariage. J’ignore si je l’aimais d’amour ou d’amitié ; mais l’attachement fut si fort et si vrai, que je quittai pour elle la carrière des armes, où j’eusse pu faire mon chemin comme un autre, et que je renonçai à tout autre avenir que celui qui me liait à elle. Mon père m’avait mis à même de devenir à volonté paysan ou savant. Ma fiancée était une paysanne ; je