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LA FAMILLE DE GERMANDRE.

Elle n’était pas ce qu’on peut appeler une femme du monde ; car, élevée à la campagne par une vieille tante dévote qui ne s’occupait que de patenôtres, elle savait tout au plus lire et écrire quand mon père l’épousa. Elle était fort riche ; mais l’avarice ou la négligence de sa tante l’avait tenue sur un pied si médiocre, qu’elle ne savait porter ni mules ni paniers, et que, le jour de son mariage, elle étonna, dit-on, tout le monde par sa gaucherie en même temps qu’elle blessa quelques sots par son franc parler. On s’en vengea par des lazzi. On prétendit que le marquis de Germandre avait épousé une riche dindonnière pour arrondir ses terres ; mais il fallut bien vite en rappeler, car la jeune marquise prit le dessus par sa raison, sa sagesse et le charme de son esprit naturel. Les femmes apprennent vite à se requinquer, et vous voyez par cette peinture que votre aïeule savait s’habiller avec goût, à la mode de son temps. Vous devez voir aussi à sa physionomie, très-bien rendue par le peintre, et qui me la retrace même dans son âge mûr, qu’elle n’avait pourtant rien d’une personne frivole. C’était un esprit très-