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LA FAMILLE DE GERMANDRE.

— Profitons, se disait-il, du sommeil de ma belle cousine, pour nous échapper aujourd’hui. Il m’est impossible de prolonger, du matin au soir, l’espèce de tête-à-tête où l’on nous laisse et qui paraît la divertir médiocrement, tandis qu’il arrive à me porter sur les nerfs et à me rendre très-malheureux. Notre situation est fausse. Malgré elle, et malgré moi aussi peut-être, nous pensons probablement tous les deux à l’épreuve de demain. Nous nous sentons joués et déshérités ; mais l’imagination, si bien nommée la folle du logis, persiste à rêver un dénoûment fantastique, qui changera ou déterminera nos volontés. Qui sait si Hortense n’attend pas que j’aie perdu toute espérance pour revenir à moi ? Et qui sait si, moi-même, enrichi par un miraculeux hasard, je ne mettrai pas avec enthousiasme mes trésors à ses pieds ?… Avec enthousiasme ? Suis-je capable d’enthousiasme, moi ? — Non ! je n’ai encore éprouvé rien de semblable, et j’aurai de la peine à oublier que mon aimable petite cousine m’a beaucoup blessé, beaucoup fait souffrir hier.

Octave appela son chasseur, lui ordonna de seller