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LA FAMILLE DE GERMANDRE.

n’exigerez pas qu’il vous fasse rire avec sa gaieté et soupirer avec sa mélancolie. Vous ne lui demanderez pas d’être aimable, enjoué, beau diseur, et en même temps sentimental, poétique et emphatique !

— Tout ce que je comprends à vos grands mots, reprit Corisande en souriant, c’est que vous en cherchez trop long pour plaire, et que madame Hortense, plus sage que vous ne pensez, ne vous en demande pas tant !

— Que demande-t-elle donc, selon vous ?

— Que vous l’aimiez tout bonnement, sans vous méfier d’elle ; car, sans en savoir bien long, je suis sûre d’une chose : c’est que celui qui ne croit point en nous ne nous aime point. Moi, je me sentirais offensée, même si un petit enfant me disait que je le trompe !

— Ah ! c’est que vous, Corisande !… vous êtes si vraie, si pure… Je suis bien sûr que vous n’avez jamais menti aux autres ni à vous-même !

Et Octave, ému au delà de toute prévision, reprit la main de Corisande et la porta involontairement à ses lèvres.