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ce matin-là, qu’une promenade agréable à travers le parc.

Ce fut elle qui m’éveilla à neuf heures. Elle avait couru pour moi toute la matinée. Elle avait été à Frascati comme pour acheter du fil, mais, en fait, pour savoir ce qui se passait à propos de moi. Elle avait causé avec la Mariuccia, et m’apportait, de Piccolomini, ma valise, mon nécessaire de toilette ; mes albums et mon argent. Ceci me parut très-bien vu ; nous étions libres de partir. En outre, elle apportait des provisions de bouche pour deux jours, de la bougie, des cigares, et ce fameux café dont elle tenait tant à ne pas me sevrer.

Elle avait trouvé moyen de faire grimper tout ce fardeau, dans une brouette poussée par un des journaliers de Piccolomini, jusqu’au haut du stradone, le tout recouvert de pois secs que la Mariuccia était censée vendre à Olivia, et que celle-ci faisait remiser dans un de ses fourre-tout de Mondragone, où, selon elle, on allait envoyer encore une fois des ouvriers pour réparer le château. Le paysan avait laissé la brouette à l’entrée de la cour, et, renvoyé de suite, il n’avait rien vu déballer.

Quoique ma chère maîtresse fût tout essoufflée de cette expédition, je me réjouis de la bonne idée qu’elle avait eue.

— Il faut maintenant, lui dis-je, puisque tu es si ingénieuse et si active, que tu arranges toutes choses pour notre fuite. Je t’enlève, à moins que tu ne me dises que mon affaire avec le Saint-Office n’aura pas de suites et que je peux t’épouser dans ce pays-ci, sans trop de retard.

— Tu songes à l’impossible, répondit-elle en secouant la tête. Ton affaire prend une mauvaise tournure. Mon frère, qui, par bonheur, ne te soupçonne pas du tout d’être mon amant, a conçu pourtant contre toi une haine effroyable, à cause des coups que lu lui as donnés. Il prétend maintenant