Page:Sand - La Daniella 1.djvu/288

Cette page n’a pas encore été corrigée

arcades de ce préau, un autre escalier rapide qui s’enfonce à perte de vue, on ne sait où.

Je l’ai descendu, et je me croyais bien, cette fois, dans les entrailles de la terre : aussi ai-je été encore plus surpris que je ne l’avais été dans le préau, en voyant entrer l’éclat du soleil à cette profondeur. Probablement, j’étais tout simplement arrivé au niveau de la base de ce massif de rocher où Mondragone est assis en face de Rome, au-dessus d’elle de toute la région des premiers étages de la chaîne Tusculane. Une sortie doit avoir existé au bas de cet escalier profond où j’étais parvenu ; mais elle a été murée apparemment, car je ne recevais que par une petite fente, à laquelle je ne pouvais atteindre, les bouffées d’un air frais et l’éblouissement d’un brillant rayon de lumière.

Une nouvelle série de salles souterraines s’ouvrait à ma gauche. Je m’y hasardai dans les ténèbres. Je manquais d’allumettes pour me diriger, et je dus renoncer à cette dangereuse exploration, au milieu des décombres, des excavations imprévues et des casse-cou de toutes sortes.

Je suis donc remonté au petit cloître que je venais de découvrir, et, dans ma fantaisie, j’ai donné à cet endroit un nom quelconque. Je vous le désignerai sous celui de cloître del Pianto, ou, si vous voulez, du Pianto tout court. Ce nom me vient de l’idée que ce lieu isolé, et invisible du dehors, a dû servir à quelque longue et douloureuse expiation.

Le casino aérien dont je vous ai parlé auparavant, et qui est à l’autre extrémité du grand pavillon, gardera son nom de casino. Je devrais rappeler la damnation, perdizione. Je ne sais pourquoi cette petite terrasse retranchée, d’où l’on voit sans être vu, ces clochetons païens et ces petites fenêtres qui regardent dans les yeux les unes des autres, ont l’air de raconter une aventure galante, cachée là sous prétexte de bréviaire.