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J’aime beaucoup cet abri élégant avec ses arcades ornées de dragons, ses degrés de marbre brisés, et son fond percé de portes et de fenêtres mystérieuses barricadées solidement. C’est au travers des fentes de ces huis jaloux, qui semblent vouloir garder les secrets du passé, que je vois la petite terrasse, les petits pavillons et le clocheton arrondi du casino. De superbes graminées poussent entre les dalles, et des moineaux, aussi sauvages que ceux de nos villes sont familiers, y prennent leurs ébats sans se douter que, séparé d’eux par une cloison de planches, j’écoute et commente leur caquet. Si je pouvais pénétrer dans cette villa secrète, il me semble que j’y trouverais une demeure close et habitable, car j’y vois des portes et des fenêtres en bon état ; mais il faudrait y entrer par effraction, et je ne dois pas abuser de la confiance des gardiens.

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En cherchant un passage vers ce casino, je viens de faire une autre découverte : c’est un recoin encore plus bizarre, encore plus caché, et beaucoup plus joli. Après avoir erré dans je ne sais combien d’églises souterraines, de salles aux gardes ou d’écuries situées beaucoup plus bas que le niveau de la cour, et d’une si puissante architecture, qu’on ne sait ce que font là, dans les ténèbres, ces belles et vastes salles, je me suis trouvé en face d’un escalier tournant que j’ai descendu.

C’est là que le château, creusé dans le cœur de la montagne, devient singulièrement fantastique ; c’est encore une autre résidence qui ne peut pas avoir servi à loger des domestiques, ils eussent été trop loin de leurs maîtres. Cela ressemble à un quartier réservé à quelque pénitent volontaire, ou à quelque prisonnier d’État. Figurez-vous un tout petit préau profond, à ciel ouvert, avec des constructions situées autour comme les parois d’un puits, et, sous les