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que c’est une chose bien facile pour moi de me trouver ici à l’heure qu’il est, quand mon frère est à Frascati et quand tout Fracasti est debout ? Allons, sachez comment j’ai pu arranger les choses sans que ma tante se doutât de rien ; car il ne faut pas vous imaginer qu’elle m’approuverait de venir vous trouver sans avoir exigé de vous une promesse de fidélité. Je suis censée passer cette nuit à la villa Taverna-Borghèse, à un quart de lieue d’ici, dans les jardins. Je me suis engagée à y travailler pendant un mois, et, sous prétexte que la course est longue quand il pleut, j’ai demandé à la femme de charge Olivia de me loger pour tout ce temps. C’est une affaire arrangée. Cette femme-là est de mes amies ; elle m’a donné une chambre placée de manière à ce que je puisse sortir et rentrer sans que les autres gardiens du palais Taverna s’en aperçoivent. Ainsi, je suis partie, ce soir, avec elle, en présence de mon frère et de ma tante, et j’ai attendu le moment de pouvoir me glisser de la villa Taverna dans la villa Falconieri, et de la villa Falconieri jusqu’ici, tout cela par les petits sentiers que je connais, et me voilà.

Ce dernier mot me voilà, fut dit avec un charme inexprimable. Il y avait, dans la belle voix et dans le beau regard de cette fille, je ne sais quelle candeur angélique dont j’aurais dû être frappé, mais dont je subis l’entraînement sans réflexion. Je la pris dans mes bras, et tout aussitôt je m’arrêtai, étonné et inquiet : mes lèvres avaient senti de grosses larmes sur ses joues.

— Qu’est-ce donc, Daniella mia ? lui dis-je. Est-ce à regret que tu te livres à mon amour ?

— Tais-toi, dit-elle ; ne mens pas ! Tu n’as pas d’amour pour moi !

Ce reproche m’irrita.

— Eh ! mon Dieu ! allons-nous recommencer à dire des subtilités et à faire des conditions ?…