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Mariuccia ! Votre neveu est-il homme à vouloir exploiter mon inclination pour sa sœur ?

— Masolino Belli est capable de tout.

— Mais quel intérêt peut-il avoir à me vouloir pour beau-frère ? Je ne suis pas riche, vous le voyez bien !

— Allons donc ! Vous savez peindre, et, avec cela, on gagne toujours de quoi être bien habillé, bien logé et bien nourri comme vous voilà. Tout est relatif. Vous êtes très-riche en comparaison de n’importe quel artisan de Frascati, et, si Masolino se mettait dans la tête de vous faire épouser sa sœur, ou de vous forcer à donner de l’argent, il sait bien qu’un cavaliere comme vous trouve toujours à gagner ou à emprunter une centaine d’écus romains pour sauver sa vie d’un guet-apens.

— Merci, ma chère Mariuccia ! Me voilà renseigné, et je sais à qui j’ai affaire. Messire Masolino Belli n’a qu’à bien se tenir ; j’aurai toujours une centaine de coups de bâton français à son service.

— Ne riez pas avec cela. Ils peuvent se mettre dix contre vous. Le mieux, mon cher enfant, sera de vous bien cacher dans vos amours, et de ne jamais voir la petite hors de cette maison-ci, où mon neveu ne met jamais les pieds.

— Et qui l’en empêche ?

— Moi, qui le lui ai défendu une fois pour toutes. Il ne se gênerait pas pour me désobéir et me frapper, s’il ne me devait quelque argent ; mais je le tiens par la crainte d’avoir à me payer.

Par la suite de la conversation, j’appris, sur ce fameux Masolino, des détails assez curieux. Cet homme n’est peut-être pas toujours aussi réellement ivre qu’il le paraît. Son existence est mystérieuse. Il est censé demeurer à Frascati ; mais on ne sait jamais précisément où il est. Sa famille passe fort bien un mois et plus sans l’apercevoir. Il occupe