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— Parce que cela n’est pas vrai, et que je déteste le mensonge, répondis-je avec impatience. Il vous a plu d’inventer cela ; mais soyez sûre que, si j’établis ici quelque relation qui me mette à même de vous démentir, je n’y manquerai dans aucune occasion.

Ses yeux brillèrent d’une satisfaction si vive, que je compris qu’entre la maîtresse et la suivante, il y avait un duel de vanité féminine en règle, dont le hasard m’avait rendu l’objet litigieux.

— C’est étonnant, cela ! dit-elle en se maniérant avec beaucoup de gentillesse, il faut l’avouer. Comment est-il possible que vous ne vouliez pas d’elle qui vous aime tant ?

Sur ce mot-là, je me fâchai tout rouge. Que Medora se soit follement confiée à mon honneur, cela n’est pas douteux ; mais il ne sera pas dit qu’elle s’y soit confiée en vain ; et, fût-elle tout à fait indigne de ma loyauté, il me resterait encore à la disculper pour l’honneur de lady Harriet et de l’excellent lord B***. J’imposai donc silence aux malices de la soubrette avec tant de sévérité, qu’elle baissa les yeux comme effrayée, et se retira bientôt avec une confusion feinte ou réelle.

Je regrettai qu’elle n’eût pas témoigné quelque regret qui me permît de la congédier plus amicalement. Elle m’a soigné si bien, que je lui dois de la reconnaissance, et je n’ai pu encore trouver le moment de la lui exprimer, puisqu’elle avait disparu du palais *** avant mon départ de Rome.

En outre, bien que j’aie d’elle une médiocre opinion, je dois reconnaître que j’ai pour sa figure et ses manières des moments de sympathie réelle. Je l’entendis causer jusqu’à minuit avec la Mariuccia dans le grenier voisin de ma chambre. Je ne voulais ni ne pouvais saisir un mot de leurs longs discours ; mais je vis bien à l’intonation tantôt narrative,