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— Daniella ! m’écriai-je en la reconnaissant à la pâle lueur que le brasero renvoyait à sa figure ; Daniella à Frascati ! Daniella qui tend la main…

— Pour que vous y mettiez la vôtre, répondit-elle en souriant. Vous êtes cause que j’ai perdu une bonne place ; mais je ne la regrette pas, s’il me reste votre amitié.

— Parlez plus bas, lui dis-je ; expliquez-moi…

— Oh ! je n’ai pas besoin d’en faire un secret, reprit-elle ; je n’ai rien fait de mal ; et, d’ailleurs, le frère Cyprien est mon oncle, et la Mariuccia est ma tante. C’est moi qui suis la stiratrice, et je vous rapporte votre biancheria.

— Oui, oui, dit la Mariuccia, qui venait d’entrer et qui posait mon humble dîner sur la table, nous sommes tous parents : le capucin est mon frère, la vieille femme est ma tante, à moi, et vous pouvez parler tous les deux devant nous ; c’est en famille, rien ne sortira d’ici.

C’est très-bien, pensai-je ; il n’y manque que le cousin Tartaglia pour que tout Frascati sache les particularités sérieuses ou ridicules de ma retraite à Frascati.

— Daniella, dis-je à la jeune fille, je vous prie de ne pas…

— C’est bien, c’est bien, dit la vieille femme en sortant ; causez ensemble ; nous savons toute l’histoire. Pauvre Daniella ! ce n’est pas sa faute, c’est une bonne fille qui nous a tout dit..

— Et moi, dit le capucin en ramassant sa besace et son bâton, je vous présente mes révérences, seigneur étranger… Danieluccia, je prierai pour toi, afin que l’orgueil de cette Anglaise soit vaincu par la miséricorde divine !

Je vous laisse à penser si j’étais de bonne humeur de voir ébruiter ainsi ce qui avait pu se passer à propos de moi dans la famille B***. Je voulus faire expliquer la Daniella. — Non,