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parla de poursuivre l’exploration, car nous n’avions encore vu, en fait de chutes d’eaux, que les moindres curiosités de l’endroit ; mais la pluie commençait à tomber sérieusement, le ciel était envahi, le soleil éteint, et, bien que Medora insistât pour continuer, lady Harriet, qui se croit souffreteuse et délicate, voulut retourner à Rome. J’appuyai vivement cette idée. On amena les ânes, qui attendaient au fond du cratère, et les femmes remontèrent sans fatigue jusqu’au temple de la Sybille, où, en peu d’instants, la voiture fut prête à les ramener.

C’est alors seulement que je manifestai l’intention de rester à Tivoli jusqu’au lendemain soir.

— Je comprends, dit lady Harriet, que vous désiriez voir tout ce que nous n’avons pu voir aujourd’hui ; mais ne vaudrait-il pas mieux revenir par un beau temps que de vous mouiller ce soir, et peut-être encore demain, pour voir un paysage sans soleil ?

J’insistai. Lord B*** voulut alors rester avec moi, ce que, j’aurais accepté s’il eût été convenable et prudent de laisser les femmes traverser sans lui la campagne de Rome. En dernier ressort, lady Harriet prononça, malgré mes refus et ma résistance, qu’elle me renverrait la voiture le lendemain ; et je fus obligé, pour conquérir ma liberté, de prononcer à mon tour que je resterais peut-être plusieurs jours à Tivoli pour dessiner.

Pendant ce débat, Medora demeura muette et les yeux attachés sur moi avec une expression d’anxiété d’abord, puis de reproche et de dédain qui me fut fort pénible à supporter. Enfin, la voiture partit, et je me sentis allégé du poids d’une montagne.

Voilà, mon ami, un récit bien long, et peut-être trop circonstancié de l’aventure qui me poussa à la solitude de Frascati. Je vous demande pardon de me laisser aller à vous