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mais il ne paraît pas qu’elle y ait jamais songé. C’est, je le crains bien, une tête éventée, sous son air grave et pensif. Élevée à travers champs par une mère voyageuse, ensuite orpheline et promenée de famille en famille, elle a fait acte d’indépendance dès sa majorité (car elle a déjà quelque chose comme vingt-cinq ans), en choisissant sa tante Harriet pour chaperon définitif. Cette préférence s’explique peut-être par des affinités de goût et d’habitudes : amour de la parure, de la paresse et de l’apparence en toutes choses. Elles nous font l’honneur d’appeler cela des goûts d’artistes. Et puis la jeune personne a fait cause commune de plaintes et de dénigrements moqueurs avec la chère tante contre le pauvre oncle. Lord B*** en souffre et le supporte. Elle a doublé ma part de blâme, dit-il, en apportant son contingent de remarques défavorables sur mon compte ; mais, d’autre part, elle a allégé mes ennuis en réussissant à faire rire Harriet. C’est presque toujours à mes dépens ; mais, du moment qu’elle rit, elle est un peu désarmée, et si on me méprise davantage, du moins on me laisse plus tranquille.




Nous avons retiré du journal de Jean Valreg quelques chapitres que nous nous proposons de publier à part. Les impressions de voyage l’emportaient trop sur le roman de sa vie, et, dans le choix que nous avons fait, nous désirons rétablir un peu l’équilibre auquel il ne songeait nullement à s’astreindre, en nous écrivant ces réflexions.

Nous ne le suivrons donc ni dans les musées, ni dans les églises, ni dans les palais de Rome, et c’est à Frascati que nous reprendrons le fil de ses aventures.