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efface le souvenir. » Zilla sentit que le mot de mort tombait sur elle comme une souffrance. Elle s’en étonna et dit à la reine : « Pourquoi ne savons-nous pas où vont les âmes après la mort ?

III

— Zilla, répondit la reine, ne songe point à cela, nous ne le saurons jamais ; les hommes ne nous l’apprendront pas. Ils ne le savent que quand ils ont quitté la vie, et nous, qui ne la quittons pas, nous ne pouvons ni deviner où ils vont, ni espérer jamais les rejoindre. — Ce monde-ci, reprit Zilla, doit-il donc durer toujours, et sommes-nous condamnées à ne jamais voir ni posséder autre chose ? — Telle est la loi que nous avons acceptée, ma sœur. Nous durerons ce que durera la terre, et si elle doit périr, nous périrons avec elle.

IV

— Ô reine ! les hommes doivent-ils donc lui survivre ? — Leurs âmes ne périront jamais. — Alors c’est eux les vrais immortels, et nous sommes des éphémères dans l’abîme de l’éternité. — Tu l’as dit, Zilla. Nous savions cela quand nous