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malheureux croyait parler à une vieille ramasseuse de bois, car s’il n’est pas prouvé que les fées puissent prendre toutes les formes, il est du moins certain qu’elles peuvent produire toutes les hallucinations.

LII

« Relève-toi et suis-moi, dit-elle. Je vais te conduire en un lieu où tu pourras vivre sans que les hommes t’y découvrent jamais. » Le proscrit suivit la fée jusqu’à une corniche de rochers si étroite et si effrayante que l’âne et le mulet reculèrent épouvantés ; mais la fée les charma, et ils passèrent. Quant à l’homme, il avait tellement le désir d’échapper à ceux qui le poursuivaient qu’il ne fut pas nécessaire de lui fasciner la vue. Il suivit les animaux, et, dès qu’il eut mis le pied dans le Val-aux Fées, il reconnut, dans celle qui le conduisait, une fée du premier ordre.

LIII

« Je ne suis pas un novice et un ignorant, lui dit-il, et j’ai assez étudié la magie pour voir à qui