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et le mouvement du fleuve dominent tout, et on peut dire que la vie est sur l’eau : à Paris, la vie est partout ; aussi tout y parait plus vivant qu’ailleurs.

Il est donc très-doux, pour quiconque peut jouir du moment présent, de se laisser bercer par le mouvement et le murmure particuliers à cette ville folle et sage, où l’imprévu a toujours établi son règne, grâce aux habitudes de bien-être que chacun y rêve et à la grande sociabilité qui la préserve des luttes prolongées. Paris veut vivre, il le veut impérieusement. Au lendemain des combats il lui faut des fêtes : on s’y égorge et on s’y embrasse avec la même facilité et la même bonne foi. On y est profondément égoïste chez soi, car, dans chaque maison, un petit monde, assez malheureux et souvent mauvais, s’agite et conspire contre tout le monde. Mais descendez dans la rue, suivez les quais ou les boulevards, traversez les jardins publics : tous ces êtres vulgaires ou pernicieux forment une foule bienveillante, soumise aux influences générales, une population douce.