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LUPO.

Mon père ! mon père bien-aimé ! j’ai mérité les éternels supplices, ils ne sont rien pour moi au prix de ce que je souffre en vous voyant mourir de ma main. Dieu bon, Dieu juste, que je n’ai jamais su prier, fais qu’au séjour des justes mon père oublie que je suis né ! Fais qu’il soit heureux, et je ne te reprocherai pas mon châtiment. Et toi, Satan, que j’ai servi sans m’en rendre compte, fais de moi ce que tu voudras. Je te défie de me faire autant de mal que m’en fait ce cœur d’airain en se brisant dans ma poitrine.

SATAN.

Viens, ton père n’est plus, et il est sauvé. Tu as encore du temps à vivre. Je te verserai, dans les combats et les plaisirs, le breuvage de l’oubli.

LUPO.

Mon père !… (Il le baise au front.) plutôt que de t’oublier un jour, une heure, je m’élance dans l’abîme où il n’y aura plus pour moi d’expiation et désespoir. (Il veut se percer de sa dague.)