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XI

» Pour moi, si j’ai jamais regretté de m’être, par le breuvage magique, soustraite à l’empire de la mort, c’est en songeant que j’avais perdu le pouvoir de la donner aux hommes. Autrefois, grâce à la science, nous pouvions jouer avec elle, la hâter ou la reculer. Désormais elle nous échappe et se rit de nous. L’implacable vie qui nous possède nous condamne à respecter la vie. C’est un grand bien pour nous de n’être plus forcées de tuer pour vivre ; mais c’est un grand mal aussi d’être forcé de laisser vivre ce que l’on voudrait voir mort. »


XII

En disant ces cruelles choses, la vieille magicienne a levé le bras comme pour frapper l’enfant ; mais son bras est retombé sans force ; le chien s’est jeté sur elle et a déchiré sa robe, souillée de taches noires qu’on dit être les restes du sang humain versé jadis dans les sacrifices. L’enfant ; qui n’a pas compris ses paroles, mais qui a vu son geste horrible, a caché son visage dans le sein