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êtes aussi fière et aussi méchante que si vous étiez née de la vipère ou du vautour. Ne vous souvient-il plus d’avoir été femme avant d’être fée, et vous est-il permis de haïr et de mépriser la race dont vous sortez ? Quand, sur les derniers autels de nos antiques divinités, vous avez bu le breuvage magique qui nous fit immortelles, n’avez-vous pas juré de protéger la famille des hommes et de veiller sur leur postérité ? »


X

Alors la vieille Trollia : « Oui, j’ai juré, comme vous, de faire servir la science de nos pères au bonheur de leurs descendants ; mais les hommes nous ont déliées de notre serment. Comment nous ont-ils traitées ? Ils ont servi de nouveaux dieux et nous ont appelées sorcières et démons. Ils nous ont chassées de nos sanctuaires, et, détruisant nos demeures sacrées, brûlant nos antiques forêts, reniant nos lois et raillant nos mystères, ils ont brisé les liens qui nous unissaient à leur race maudite.