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pose en ce monde pour me racheter ! — Mais il ne m’écoute pas, ou s’il m’écoute je ne puis le savoir. Ah ! je suis irrité de cet implacable silence ! Tu te venges trop, Juge terrible ; tu nous condamnes au renoncement, et tu ne nous promets rien ! Croirai-je que la grâce aide tous les hommes à faire leur salut ? Mais l’homme n’a point de libre arbitre ; fils du mal, il n’aime que le mal. Sans un miracle particulier, il ne reçoit pas la grâce divine, et ce miracle n’est pas destiné à tous, puisque seul le petit nombre est sauvé. Notre arrêt est écrit là-haut ; Dieu sait ce qu’il veut faire, et ce qu’il a décidé il ne saurait le changer, puisque après tant de continence et de mortifications de ma chair, j’éprouve encore la brûlure des passions humaines ; la grâce me fuit et Dieu me repousse. — Et toi, Vierge miraculeuse, qui d’un geste, d’un regard, pourrais me rendre la confiance et la paix, tu es insensible à mes angoisses, et tu restes devant moi comme une muette idole ! — Allons, je la prierai jusqu’à l’obséder ! Dût-elle se dissoudre dans le sel de mes larmes, il