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pour que je ne souffre d’aucune privation ; puis mademoiselle Potin est aimable, et, quand nous nous ennuyons, nous lisons des romans… oh ! des romans très-honnêtes et très-beaux ; qui nous font oublier notre solitude et nous montrent toujours le crime puni et la vertu récompensée !

— Comptez là-dessus !… C’est égal, il n’y a pas de mal à le croire et à se conduire en conséquence… Mais, dans cette solitude et à travers ces pages de roman, aucun joli garçon ne s’est glissé dans la maison ou dans la cervelle, en dépit du pasteur et de la tante ?

— Non, jamais, je vous le jure, monsieur Goefle, répondit Marguerite avec candeur. Cependant je peux bien vous dire que mon esprit s’était formé une certaine image du mari que ma tante m’a tout à coup annoncé il y a huit jours, et que, quand elle m’a montré M. le baron Olaüs de Waldemora en me disant : « C’est lui, soyez aimable ! » je l’ai trouvé si différent de mon rêve, que je n’ai pas été aimable du tout.

— Je le conçois. Alors votre tante ?…

— S’est moquée de moi. « Vous êtes une sotte, m’a-t-elle dit. Une fille bien née ne doit jamais se mettre l’idée de l’amour en tête. On ne se marie pas pour aimer, mais pour être une grande dame. J’entends