Page:Sand - L Homme de neige vol 1.djvu/81

Cette page n’a pas encore été corrigée

ne peut-il nous entendre ? Tout cela est si grave, monsieur Goefle !

— En effet, la chose paraît grave, pensa Cristiano en allant voir si la porte d’entrée était fermée, et en affectant la démarche d’un vieillard ; seulement, je n’y comprends goutte.

— Il fit de l’œil le tour de la salle, et n’aperçut pas plus qu’il ne l’avait encore fait la porte de la chambre de garde, qui était fermée entre M. Goefle et nos deux personnages.

— Eh bien, monsieur, reprit la jeune personne, comprenez-vous que ma tante veuille me faire épouser un homme que je ne puis m’empêcher de regarder comme l’assassin de ma famille ?

Cristiano, n’ayant pas la moindre notion des faits en question, prit le parti de pousser aux éclaircissements en abondant dans le sens de sa nouvelle cliente.

— Il faut, dit-il un peu cavalièrement, que votre tante soit folle… ou quelque chose de pis !

— Ah ! pardon, monsieur Goefle, ma tante est une personne que je dois respecter, et je ne l’accuse que d’aveuglement ou de prévention.

— Aveuglement et prévention, peu m’importe à moi ! Ce que je vois clairement, c’est qu’elle veut forcer votre inclination.