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son maître, lui avait fait faire des hauts-de-chausses de peau d’élan et une veste de drap rouge si bien coupés, qu’il y était tassé comme dans une gaine, et que M. Goefle lui-même eut grand’peine à l’en faire sortir. Il lui fallut le prendre sur ses genoux devant la cheminée, car durant cette opération l’enfant grelottait. M. Goefle avait beau enrager et maudire Gertrude de lui avoir donné un pareil serviteur, l’humanité lui défendait de le laisser geler. Et puis Nils le désarmait par sa gentillesse. À chaque reproche de son maître, il répondait naïvement :

— Vous verrez demain, monsieur Goefle, je vous servirai bien, et puis je vous aimerai bien !

— Ce sera toujours ça ! répondait le bon docteur en le bousculant un peu. C’est égal, je préférerais être un peu moins aimé et un peu mieux servi !

Enfin Nils était couché, et M. Goefle se remettait en route vers son problématique souper, lorsque l’enfant le rappela sans façon pour lui dire d’un ton de reproche :

— Eh bien, monsieur, vous me laissez donc là tout seul !

— En voici bien d’une autre ! s’écria l’avocat. Il te faut de la compagnie pour dormir ?